Préambule : article dense (plus de 600 pages originelles analysées) mais nécessaire dont toutefois la synthèse est ci-dessous en tête d’article.

Le SDRIF-E (Schéma Directeur de la Région Île-de-France Environnemental) est un document stratégique visant à améliorer le cadre de vie des Franciliens en organisant la région autour de grandes polarités urbaines et en valorisant les espaces ruraux. Il distingue deux grands types de territoires : l’agglomération parisienne, concentrant population et emploi, et l’espace rural, essentiel à l’équilibre écologique régional.
La commune de Réau est classée comme rurale, avec des perspectives de développement modérées : +13 % de logements d’ici 2040 et une extension urbaine limitée à 2 % de l’espace urbain actuel.
Structurer la région Île-de-France
Objectif principal
Le SDRIF-E est, comme précédemment explicité, un document stratégique pour l’organisation du territoire de la Région Île-de-France. Toutefois quelles sont ses grandes préconisations ? Comment a-t-il été réalisé ?
Document issu d’une grande concertation préalable, l’objectif principal (et concerté) de celui-ci est de pouvoir améliorer le cadre de vie des Franciliens.
Cet objectif se décline en une organisation hiérarchisée du territoire : l’analyse de l’état existant de la région a conduit à renforcer la structuration de celle-ci. Depuis Paris et les communes de la première couronne, la région vise à se structurer autour des grandes polarités, c’est-à-dire de grandes villes, en connexion directe avec cet hypercentre de la région.
S’appuyant sur cet état de l’existant, le SDRIF-E définit deux grands types d’espaces :
- l’agglomération parisienne, s’appuyant sur la définition même (à quelques exceptions près) de l’unité urbaine, au sens de l’Insee;
- l’espace rural de la Région, s’appuyant sur les limites périphériques de la Région ôtées de la superficie de l’unité urbaine.

Engagements de la Région pour l’élaboration du SDRIF-E
Améliorer le cadre de vie des Franciliens : OK, toutefois comment s’y prendre ?
Lors de la délibération portant sur l’élaboration d’un SDRIF-E, trois orientations structurent le SDRIF-E et donc les enjeux régionaux recherchés :
- un SDRIF-E pour préparer l’avenir, renforcer l’attractivité de la région et impulser une relance durable ;
- un SDRIF-E à la hauteur des enjeux environnementaux contemporains pour une région ZAN,
ZEN et circulaire ; - un SDRIF-E pour bâtir une Île-de-France résiliente et protéger les Franciliens.
Hiérarchisation des communes franciliennes et objectifs
En ce qui concerne la hiérarchisation évoquée, rien n’est mieux écrit que le SDRIF-E dont un extrait est précisé ci-dessous (SDRIF-E – orientations réglementaires page 6 et page 7) et permet de comprendre l’organisation complète de la Région.

1. Agglomération parisienne
L’agglomération parisienne regroupe :
- « l’hypercentre » qui correspond aux communes les plus denses de l’agglomération parisienne avec plus de 150 logements/ha au sein des espaces résidentiels et 230 habitants + emplois par hectare urbanisé ;
- « le cœur d’agglomération » qui correspond aux communes denses en continuité de l’hypercentre, majoritairement urbanisées, et rassemblées principalement à l’intérieur de l’A86 ;
- « la couronne d’agglomération », qui correspond à l’unité urbaine de Paris telle que définie par l’Insee, à l’exclusion de l’hypercentre et du cœur d’agglomération.
Les objectifs synthétiques, en lien avec les engagements de la Région pour l’élaboration du SDRIF-E, au sein de ce périmètre sont donc :
- de repenser les espaces en utilisant mieux les structures bâties (rénovation ou création logements, bureaux… mieux pensés),
- confirmer les centres d’intérêts existants ou en devenir (préservation et développement de l’emploi),
- d’intégrer la nature en ville…
-> le tout avec une articulation aisée entre les communes de ce périmètre grâce aux diverses connexions existantes ou en projet (transports, par exemple les lignes du Grand Paris Express).
Chaque grande commune de ce périmètre est ainsi définit comme une polarité.
2. Espace rural
L’espace rural regroupe :
- « les villes moyennes » qui correspondent aux polarités urbaines régionales de plus de 10 000 habitants ne relevant pas de l’agglomération parisienne, et leurs communes agglomérées. Mantes, Melun et leurs communes limitrophes, qui sont rattachées à l’unité urbaine de Paris au sens de l’Insee ont été ajoutées aux villes moyennes afin de mieux traduire leur rôle de structuration au sein de l’espace rural ;
- « les petites villes » qui rassemblent les autres communes urbaines hors agglomération parisienne et leur communes agglomérées ;
- « les communes rurales » au sens de la définition établie par l’Insee.

L’espace rural, regroupé autour de quelques polarités régionales (par exemple Melun) dites villes moyennes, permet la résilience francilienne. Par la préservation et le confortement de ses espaces agricoles, forestiers ou encore de ses zones humides, l’espace rural contribue au fonctionnement indispensable de la région, en droite ligne avec les engagements pris pour l’élaboration du SDRIF-E.
Et Réau dans tout cela ?
Hiérarchiser les pièces d’urbanisme, maintenant hiérarchiser les communes, une vraie usine à gaz donc ?
Eh bien non, ça paraît certes être une usine à gaz mais pas du tout, il s’agit d’une structuration de l’espace en rapport avec la portée des documents.
Le SDRIF-E s’appuie ainsi sur une ossature francilienne existante et cherche l’embellissement suivant le secteur considéré : agglomération parisienne ou espace rural. Finalement ce sont les deux grandes familles à retenir.
Agglomération parisienne et espace rural : finalement les deux grandes familles d’espaces à retenir.
En d’autres termes, les polarités de la région doivent être confortées durablement tandis que les espaces ruraux doivent continuer de s’embellir représentant le poumon vert de la Région.
Cette hiérarchisation permet donc aux différents territoires (représentés par les communautés d’agglomération ou similaires) et aux communes d’orienter de manière pragmatique leur développement au service d’un tout.
Proportion régionale | Agglomération parisienne | Espace rural |
Population | 87% | 13% |
Emploi | 92% | 8% |
Nombre de communes | 395 | 871 |
Superficie estimée | 30% | 70% |
Dans quelle catégorie se classe Réau ?

Sans surprise, Réau ne se classe pas dans l’hypercentre ou le cœur d’agglomération de la Région, ni même dans l’unité urbaine de Paris.
Réau est donc une commune d’un espace rural : actuellement et aussi prévue d’y rester d’ici à 2040.
Réau y est classée commune d’un espace rural.
Oui mais dans l’espace rural définit au SDRIF-E, il y a aussi des villes moyennes de 10 000 habitants ?!?! Oui effectivement, trois sous-catégories composent l’espace rural : villes moyennes, petites villes et commune rurale.
Mais n’attendons pas plus, Réau est désignée commune rurale, objectif 2040.
Et quelles y sont les orientations de développement ?
Pour une commune rurale, les principales orientations1 sont les suivantes :
- Augmentation de 13% du nombre de logements sur le territoire communal ;
- Extension d’urbanisation possible mais limitée à 2% de l’espace urbanisé actuel ;
- Renouvellement urbain (ou plutôt rural) à privilégier
« C’est l’État qui nous impose… c’est l’État ! », oui bien évidemment puisque le SDRIF-E, établi par la Région reste soumis à la délibération du Conseil d’État pour son approbation. La municipalité n’avait pas tort : c’est bien l’État qui oriente.
Seulement, il faut savoir (bien) lire un document, ce qui permet de viser juste pour sa commune.
Bénéfice du doute pour la municipalité ? Allons vérifier ce qu’il se raconte dans le SCoT en cours d’élaboration…

Sources – pour aller plus loin
- Projet d’aménagement régional – SDRIF-E
- Orientations réglementaires – SDRIF-E
- Évaluation environnementale stratégique – SDRIF-E
- Unité urbaine de Paris – Insee
- Commune rurale – Insee
- Attention toutefois, le SDRIF-E peut préciser des orientations dites Projets d’Envergure Nationale ou Européenne (PENE), pour lesquels des dérogations existent. Typiquement sur Réau, il s’agit de Villaroche. ↩︎